Ce qui est vraiment indispensable [when writing], c'est d'avoir à sa disposition un arsenal de mots assez fourni pour que l'on puisse y trouver, à point nommé, l'expression la plus appropriée à sa pensée et traduire les nuances les plus délicates du sentiment. L'écrivain qui sait tirer le meilleur parti de sa langue est celui qui en a dévoilé tous les secrets. Elle ressemble à une mine qui ne consent à livrer ses richesses qu'au prix des plus grands efforts. Mais dès qu'on a trouvé le filon et extrait le métal précieux, dès que les trésors s'offrent à profusion, l'Art sort triomphant des luttes qu'il a fallu soutenir. Le lecteur se doute rarement des fatigues intellectuelles qui sont cachées dans chaque ligne, dans chaque mot des œuvres qu'il admire le plus. Il n'a pas assisté au labeur déployé, à la lente préparation, à la ciselure patiente! Il ignore les veilles et les insomnies que ces pages ont parfois coûtées à leur auteur. Mais qu'importent les déboires et les souffrances qu'entraîne cette culture intensive de l'esprit si l'on sent en soi les forces voulues pour créer une belle floraison littéraire?
“I do not think altogether the worse of a book for having survived the author a generation or two. I have more confidence in the dead than the living.” — Hazlitt
4 August 2016
Seek Not Your Fortune in the Dark, Dreary Mine
Gustave Abel, Le labeur de la prose (Paris: P.-V. Stock, 1902), pp. 42-43: