Henri de Régnier, "Ode,"
Vestigia Flammae (Paris: Mercure de France, 1921), pp. 58-59:
J'aurais dû te donner tous les soins de ma vie,
O beau laurier luisant,
Jusques à renforcer ta racine assouvie
Du tribut de mon sang,
De l'immortel éclat de ton feuillage sombre
Enorgueillir mes yeux,
Et ne point, d'un seul pas, m'éloigner de ton ombre;
De toi seul anxieux
Écouter pour seul chant celui de ton murmure,
Aède aérien,
Et, le regard tourné vers la gloire future,
Y conformer le mien!
Mais, hélas! trop longtemps j'ai délaissé la cime
Du mont où tu poussais
El ma flûte peureuse a craint le vent sublime
Qui hante les sommets.
C'est pourquoi, repentants, lorsqu'au soir de mon âge
Mes pas te reviendront,
Je n'aurai pas le droit que ton amer feuillage
S'entrelace à mon front.
Heureux, n'étant de ceux que la branche couronne
De son honneur altier,
Si, dans mes faibles mains, tu laisses en aumône
Une feuille, ô Laurier!
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Herbert James Draper, Figure with a Laurel Wreath |